INSERT COIN
Lavomatic et École Nationale Supérieure des Beaux-Arts , Lyon
INSERT COIN
Mettre une pièce, s’ennuyer, oui, s’ennuyer sérieusement
Yann Chevallier
Les nouvelles technologies de la communication, la globalisation des marchés, ainsi que l’influence des médias dans la vie quotidienne, modifient en permanence la
forme et la fonction des villes.
La laverie automatique se pose comme un lieu de résistance paradoxale. Agissant entre extension de la sphère privée et rationalisation des échanges marchands, elle
fonctionne en total décalage avec les flux extérieurs, sur un rythme autre, obligeant son utilisateur, le temps d’un cycle, à s’extraire de l’organisation sociale
environnante. Loin du jeu de représentation qu’imposent la plupart des lieux collectifs.
C’est dans ce topic que l’exposition Insert Coin tente de s’inscrire en détournant la notion d’espace public au profit d’un espace commercial désuet : la laverie
automatique.
Le Post propose d’inviter des artistes à intervenir sur ce site préservé pour rendre opérante la construction de zones autonomes, jouant de la création d'ambiance et
participant de l'élaboration d’un scénario improbable. Il s’agit moins de transmettre un message ou d’obtenir un effet que d’instaurer un espace d’interaction, une
aire de relation sur un mode non autoritaire.
L’exposition doit permettre la création de deux univers qui questionneront le type d’attitudes à adopter pour infléchir notre rapport aux autres et au monde. Une
première laverie croise les travaux d’Olivier Gourbière, Paul Aymar Mourgue d’Algue & Wilken Schade, Pascal Poulain et du collectif G3. La laverie devient une
vitrine saturée d'informations, de typographies et de langages. Les œuvres se mêlent les unes aux autres pour composer une intervention globale. Ce rapprochement de
création de langage propre aux mass médias, qui singe les modèles de motivation du libéralisme et qui se réapproprie et recycle l’univers scabreux des blagues
populaires. Un second environnement participe de la mise en place d’un système de référence proche du cinéma, favorisant une fuite vers l'imaginaire, vers un univers
hors du temps. La laverie est ici utilisée comme un décor de cinéma, à la fois spectacle et point de départ d’une narration.
Les pièces de Saâdane Afif & Karim Ghelloussi, Arnaud Maguet, Valérie Morraja et Delphine Trousset plongent l’utilisateur/visiteur de la laverie au cœur d’un
dispositif proposant la construction arbitraire de multiples récits. La laverie devient salle de projection de rêves de cinéma, lieu de croyance en Elvis toujours
vivant, dancefloor improbable, le tout baigné d’une douce odeur de Coca-Cola. Ces constructions fonctionnent comme deux modes de résistance possibles face à la
société, loin de toute volonté de remise en cause radicale, elles favorisent le regroupement temporaire de signes aptes à proposer un fonctionnement autonome dans
la ville. La volonté n’est pas de modéliser des types d’attitudes mais tend plutôt à la création de ce que Hakim Bey nomme des Zones Autonomes Temporaires.
La laverie, tout en gardant sa fonction initiale, ouvre un espace de liberté provisoire qui disparaît et se reconstruit le temps d’une exposition. L’opérativité
symbolique des œuvres est ainsi sans cesse mise à l’épreuve.
WARP, 1997
Détail, vue de l'installation à ENSBA de Lyon
WARP, 1997
Vue de l'exposition à ENSBA de Lyon
ODORAMA, 2001
Diffuseur d'huile essentielle, fragrance Coca Cola, minuteur
Dessin
Vue de l'exposition à l'intérieur du Lavomatique, Lyon
Vue de l'exposition depuis l'extérieur du Lavomatique, Lyon